Gildas

Le B.B.B., vous connaissez ? Ben oui, suffit de jeter un œil sur le cv des zicos qui bossent chez Simone et d’y lire que le trompette et le trombone font partie de ce groupe, (et aussi que le sax ténor l’a quitté pour mieux se consacrer à Simone, mais ça c’est une autre histoire …) . Tout le cuivre de Simone prendrait-il sa source dans un concept de type B.B.B., tantôt sous la forme d’un vulgaire Big Band de Branleurs, tantôt sous une forme moins agressive pour de chastes oreilles ? Un B.B.B. serait-il toujours un réservoir de soufflants en mal de reconnaissance, prêts à signer chez Dame Simone, pour une formation à taille humaine ?La réponse est oui ! Suffit, pour s’en convaincre, de s’intéresser au passé de Gildas, le dernier soufflant arrivé chez Simone’s son. N’a-t-il pas fait ses classes dans un B.B.B. du même tonneau, le Big Band de Betton, alias « Schnapps’ Band » ? Rien de tel, confie-t-il, pour apprendre à sucer la anche au

rythme des marteaux piqueurs. C’est à peine s’il ose confesser aujourd’hui qu’il a bossé ses gammes de sa seule main gauche, la main droite restant dévolue au maniement de la truelle. Betton avait opté pour une didactique révolutionnaire propre à développer l’indépendance manuelle. Faut dire que, dans les années 80, l’assos culturelle à l’origine du B.B.B. bâtissait ses locaux en même temps qu’elle démarrait sa fanfare.
C’est donc d’une seule main calleuse, que Gildas quitte la France pour l’Angleterre à la fin de l’été 95, un sax alto en bandoulière. Il compte y terminer son Master of Arts in Media Studies dans une université prestigieuse, mais chère, ce qui le contraint outre-Manche à la faire (la manche). Fallait la faire ! Le hasard de ses quêtes l’amène à côtoyer les plus grands avec lesquels il met cette fois à contribution ses deux membres supérieurs, pour la plus grande satisfaction de son Selmer. Recouvrant ainsi la plénitude de sa motricité, Gildas devient très vite un virtuose chez les « Jazz Vortex », se surprenant même à reproduire par cœur des chorus de Macéo. La pédagogie révolutionnaire de Betton porte indéniablement ses fruits.
Juin 96, c’est un saxophoniste ruiné, mais au sommet de son art, qui débarque sur la plage de Calais. Au départ de Southampton, il a troqué son alto contre un billet retour et un sopranino de facture chinoise (un saxophone minuscule). A Burk, cet instrument étonnera les jazzeux du groupe débutant « Les Café Lapins » (aux doigts soi-disant agiles), qui l’introduisent rapidement chez les bien plus respectables « Jazz Pretenders » de passage plus au sud, dans un pub proche des docks de Dunkerque. Gildas arpentera ainsi de ville en ville toute la côte normande, avant de retrouver la capitale bretonne pour investir dans du matos de pro, à la hauteur des exigences de Simone’s son dont il découvre l’annonce en même temps que celle de son job principal.
Fini les cachetons de misére. Embauché comme chargé de com dans une franchise Selmer installée au 3 rue de la bétonnière à Betton, il renoue avec ses origines maçonniques tout en profitant gratos de la panoplie des sax en exposition. Jusqu’au baryton Mark 6, une grosse pointure dont il rêvait grave, au moins autant que Simone’s son qu’il l’embauche sur le champ à l’automne 2009, satisfait qu’il est des soufflants estampillés B.B.B..